Elle invite à aller au delà des apparences
Flore Hélia Servant a pour principaux moyens d’expression : le dessin et la photographie. Son travail est celui d’un sculpteur qui installe le dessin dans l’espace. Grave les lignes sur des draps utilisés et les installe in situ. Elle traverse les registres artistiques pour interroger le sens et l’essence de l‘image à notre époque où tout s’accélère avec les nouvelles technologies numériques.
Le libérant de sa fonction représentative, Flore Hélia Servant l’ouvre sur l’au-delà et en fait un objet de méditation onirique dans lequel se rejoignent le spectateur et l’artiste. Le support peut être une feuille de papier, mais c’est souvent une toile parce que le tissu accroche le trait et que les plis que l’artiste aime organiser l’aident à mieux explorer les replis de son inconscient et du nôtre.
C’est notamment le cas des grands draps sur lesquels elle projette son imagination au cours de séances de méditation ou de rêverie musicale. Il n’est pas indifférent qu’elle ne s’autorise que des couleurs alchimiques, noir, rouge et blanc, car c’est une transmutation qu’elle vise, une recherche de soi et de l’amour altruiste.
Le résultat, ce sont des œuvres que l’on sent fortement imprégnées de calligraphie japonaise comme de dessin classique, de Rembrandt à Giacometti en passant par les encres de Victor Hugo qui, quant à lui, pliait des papiers pour interroger « la bouche d’ombre ». Pour ce qui est de ses photographies, elles fascinent par l’art avec lequel Flore Hélia Servant joue des lumières, des ombres, et les fait vivre.
Elle rejoint en elles des artistes comme Turner, auquel fait penser un cliché comme Méditation, ou les Impressionnistes. Ses photos sont des états d’âme autant, voire plus, que des représentations. Ils invitent à aller au-delà des apparences. Son Ombre de bonheur nous rappelle à notre état de prisonniers de la caverne de Platon. Flore Hélia Servant est une métaphysique.
Parution d'un article dans MaDéco Magazine le 3 juin 2014
Points positifs:
Le résultat, ce sont des œuvres que l’on sent fortement imprégnées de calligraphie japonaise comme de dessin classique
